Histoire de la Corse

Dominée tout à tour par les Etrusques, les Romains, les Sarrasins, les Génois, affamée par les disettes, puis terrorisée par les « bandits », la Corse possède une histoire particulièrement tourmentée. République autonome qui inspira de nombreux pays (dont l’Amérique) puis royaume sous contrôle britannique, la Corse s’affirme alors dans un esprit d’indépendance que n’affaiblira pas son rattachement à la France en 1796.

L’île possède une superficie de 8778 km². L’orientation de la ligne de crêtes a créé une véritable barrière naturelle entre l’est et l’ouest. Les cols élevés, les vallées étroites, les fleuves nombreux, encaissés, courts, et de ce fait impraticables à la navigation, n’ont pas favorisé les moyens de communication à l’intérieur de l’Île. Les plaines, à l’exception de la plaine d’Aléria, sont peu étendues.

Point stratégique en Méditerranée, l’île est convoitée par de nombreux voisins. Ses 1000 km de côtes indéfendables sont ouverts aux invasions, aux pillages. A la crainte de l’envahisseur s’ajoute celle de la malaria, qui n’a été vaincue qu’après la Seconde Guerre mondiale. C’est donc l’insécurité et l’insalubrité de la plaine qui ont fait fuir les habitants vers les montagnes. C’est de la montagne, de Corte, que va être gérée l’Île. La population dans la montagne va y être dense jusqu’au début de ce siècle.

Ainsi la vie communautaire a régi durant des siècles la vie des montagnards. Si aujourd’hui les structures de ces communautés ont disparu, il existe encore dans certains villages vivant en léthargie cinq jours par semaine (nombreux sont les insulaires qui possèdent une maison au « village » où ils se rendent les week-end) et dix mois sur douze, un grand esprit de communauté, nécessité de s’aider, d’unir ses forces lorsque le taux démographique de ces villages baisse, et que les bras manquent pour tuer le cochon, couper et rentrer le bois pour l’hiver.

La particularité de cette organisation communautaire est une vie autarcique. La production agricole est limitée aux seuls besoins des habitants. L’absence de moyens de communication ne permet ni l’échange ni le commerce de certains produits. L’altération de la communauté commença sous la domination de Gênes pour s’achever au début de ce siècle. En effet, le littoral qui jusque-là est fui comme la peste par les Corses deviendra attractif, et le système communautaire dégénérera avec le dépeuplement de la montagne. C’est la fuite vers une vie moins dure, vers la plaine ou le continent.

L’agriculture est encore peu développée au XVIIIè siècle. Elle est essentiellement familiale, et histoire, répond aux besoins immédiats de la famille. Les fromages de chèvre et de brebis proviennent des bêtes que les familles élèvent pour leur consommation, ou des troupeaux gardés dans la montagne par les vergers solitaires, devins, sorciers, poètes, affirment les légendes populaires. Il en est de même pour la charcuterie. Le cochon, tué à la Noël, approvisionnera la famille en viande fraîche d’abord, et permettra des préparations originales comme la « ventra » « le boudin à la menthe ». Le reste de la viande sera salé, poivré et fumé. Cette charcuterie est encore aujourd’hui faite selon la tradition, et se place en deuxième position mondiale, a-t-on pu dire, pour sa qualité et sa saveur. Les échanges se font essentiellement d’un port à l’autre. Seule la morue venant d’Italie parvient dans la montagne. Ce qui a rythmé la production agricole durant des siècles est le besoin immédiat de la population. Rythme qui semble se poursuivre encore aujourd’hui dans certains villages de montagne. Et c’est de ses propres ressources que va vivre l’île. Et, de cette vie dure naîtra une cuisine simple, savoureuse et parfumée qui a su conserver à travers le temps toute son originalité.